Les 27 et 28 mars, le Palais des congrès de Brazzaville a accueilli les Journées combinées de la femme et de l’endométriose, organisées par HG Providers Services. Cette initiative ambitieuse visait à sensibiliser le public congolais à l’endométriose, encourager la recherche et la formation médicale, et surtout plaider pour un meilleur accès aux soins pour les femmes touchées.
Une pathologie encore trop méconnue et mal diagnostiquée
L’événement a réuni des experts, professionnels de santé et étudiants, mettant en lumière une réalité préoccupante : l’endométriose est la deuxième cause d’évacuations sanitaires chez les femmes en République du Congo.
Le Pr Clautaire Itoua, chef du service de gynécologie au CHU de Brazzaville, a alerté sur le diagnostic tardif de la maladie :
« Nous recevons souvent des patientes qui souffrent depuis dix voire vingt ans, car la maladie n’a pas été détectée à temps. »
Il a rappelé l’importance de la détection précoce, permettant la mise en place de traitements adaptés, voire une intervention chirurgicale, bien que celle-ci n’offre pas toujours une guérison complète, notamment lorsque d’autres organes sont atteints.
Symptômes, confusions et importance de la vigilance
L’endométriose, pathologie chronique, touche une femme en âge de procréer sur dix dans le monde. Elle se caractérise par la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus, pouvant atteindre des organes comme la vessie ou les intestins.
Les symptômes les plus fréquents incluent :
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douleurs menstruelles sévères,
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douleurs pelviennes chroniques,
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douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunies),
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troubles digestifs et urinaires,
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fatigue chronique,
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infertilité.
La Pre Gickelle Mpika-Bintsene a souligné que, bien que certaines douleurs soient normales en début de règles, il faut consulter en cas de douleurs persistantes ou anormales (sang dans les urines, etc.). Elle a également rappelé la différence entre endométriose et fibromes utérins, précisant que ce dernier touche environ une femme sur trois après 35 ans, avec une prévalence accrue chez les femmes africaines.
L’impact invisible sur la vie des femmes
Le Pr Emmanuel Nzau, gynécologue-obstétricien et président de la Fondation Daemmmi, a pointé les répercussions socio-économiques de la maladie :
« Une femme contrainte de passer plusieurs jours par mois à l’hôpital voit son potentiel limité. C’est un frein à l’épanouissement et cela peut conduire à la précarité. »
L’ensemble du comité scientifique a insisté sur l’urgence d’un accompagnement adapté, avec une prise en charge structurée et multidisciplinaire. Et pour cela, il faut briser le silence.
Témoignages bouleversants et plaidoyer pour un engagement de l’État
Moment fort de l’événement : le témoignage de Mme Yoka, fondatrice de HG Providers Services, qui a partagé son propre combat contre l’endométriose. À ses côtés, Mme Issongo, présidente de l’association Endo Congo, a livré un récit poignant :
« J’ai parcouru l’Afrique du Sud et le Maroc pour me faire soigner. Mon rêve était de devenir mère. Malheureusement, l’endométriose l’a brisé. »
Ces témoignages ont profondément marqué l’assemblée, renforçant le message porté par Louison Saby Mokoma, PDG de HG Providers Services :
« Nous demandons à l’État congolais d’intégrer l’endométriose parmi ses priorités de santé publique. Il faut renforcer l’accès à l’information, à la prévention et aux soins, et soutenir la recherche. Ensemble, brisons le silence et changeons la vie de nombreuses femmes au Congo. »