Même si les exportations vers les États-Unis ne représentent que 2,1 % du commerce extérieur de la sous-région, les pays de la Cémac veulent anticiper les conséquences du nouveau protectionnisme américain. La BEAC mobilise les décideurs pour élaborer une riposte concertée.
Un impact commercial limité mais à surveiller
Le relèvement des droits de douane imposés par les États-Unis affecte directement plusieurs régions du monde. Pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), l’impact immédiat reste contenu : les exportations vers les États-Unis ne représentent que 2,1 % du total, loin derrière l’Union européenne (27,4 %) et la Chine (24,5 %).
Cependant, les experts alertent sur des effets indirects liés à la perte de compétitivité de certains produits d’exportation comme le bois ou les hydrocarbures, et à l’augmentation de l’inflation importée dans un contexte économique déjà fragile.
La BEAC sonne la mobilisation régionale
Pour anticiper les retombées, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a organisé, le 24 juillet dernier, une Journée économie et finance par visioconférence, sur le thème :
« Défis et opportunités des tarifs douaniers américains pour les économies de la Cémac ».
Cette rencontre, première du genre, a réuni experts, économistes et responsables institutionnels autour d’un objectif commun : analyser les menaces et identifier des leviers d’action collective face à la nouvelle donne commerciale.
Des droits de douane différenciés dans la sous-région
Depuis avril dernier, les autorités américaines, sous l’impulsion de l’ancien président Donald Trump, ont instauré des droits de douane supplémentaires visant à réduire le déficit commercial des États-Unis.
Dans la Cémac :
- Le Congo, la Centrafrique et le Gabon sont désormais soumis à un taux plancher de 10 %.
- Le Cameroun, le Tchad et la Guinée équatoriale voient leurs exportations taxées à 13 %.
Cette hausse, jugée unilatérale et non conforme aux règles de l’OMC, reste pour l’instant sans réponse agressive. « Nous ne sommes pas dans une logique de guerre commerciale avec les États-Unis », a indiqué l’économiste Guy Innocent Beffo, lors des échanges.
Diversification et intégration sous-régionale en réponse
Au-delà de la conjoncture, cette crise ravive un impératif stratégique pour la Cémac : diversifier ses économies et réduire la dépendance aux marchés extérieurs. Les intervenants ont notamment recommandé :
- Un renforcement du commerce intra-communautaire ;
- Un modèle d’industrialisation inspiré des pays du Golfe, fondé sur la transformation locale des matières premières ;
- La valorisation de nouvelles chaînes de valeur régionales, plus résilientes face aux politiques commerciales imprévisibles.
Vers une stratégie commune face aux chocs extérieurs
La BEAC, en tant qu’institution monétaire régionale, appelle à une réponse collective pour préserver la stabilité des réserves de change, maintenir la compétitivité et protéger les filières stratégiques. Des effets pourraient en effet se traduire par :
- Une baisse de la croissance des réserves de change ;
- Une hausse des prix des produits importés ;
- Un affaiblissement des marges commerciales de certains États membres.
Les pays de la Cémac sont ainsi invités à concevoir des solutions de long terme, afin de limiter l’exposition aux revirements politiques ou commerciaux venus de l’étranger.