Inauguré en 2010, le barrage hydroélectrique d’Imboulou, dans le département de Djoué-Léfini, traverse une crise technique majeure. Sur ses quatre turbines, une seule fonctionne encore, et ce sans garantie de fiabilité. Une délégation conduite le 29 septembre par Frédéric Manienze, directeur de cabinet du ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, a constaté sur place l’ampleur des dégradations.
Des turbines à l’arrêt et une production réduite
La mission, composée notamment du député Marien Mobondzo Endzonga, de la présidente du Conseil d’administration d’E²C, Lydie Oboa, et du directeur général adjoint d’E²C, Just Roger Gandou, a découvert un complexe hydroélectrique en grande difficulté :
- La turbine n°2 (120 tonnes) et son alternateur ont été démontés depuis 2024 par le partenaire Fomico.
- Les turbines n°3 et n°4 attendent des pièces de rechange pour être relancées.
- La seule turbine opérationnelle produit 30 MW sur 120 MW attendus, mais son état reste précaire.
Dans la salle des machines, les ingénieurs d’AITPC luttent pour stabiliser un béton fragilisé par des infiltrations d’eau dues à la dégradation des joints.
Des réparations coûteuses et urgentes
Selon Hakim Boureghda, directeur commercial de Fomico, le constructeur chinois Harbin Electric interviendra bientôt pour expertise et remontage. « Des pièces d’usure doivent être changées et réparées. L’intervention peut prendre vingt jours, mais il faut respecter les étapes », a-t-il précisé.
De son côté, Armel Itoua Ibara Mbimbi, directeur de la production et du transport d’E²C, a annoncé que les groupes n°3 et n°4 seront remis en état dès la réception des pièces manquantes. Quant au groupe n°2, son cas est jugé « critique » et nécessite une révision complète.
Des difficultés financières en toile de fond
L’inspecteur général des services de l’énergie, Hervé Léonard Obambi Mouana Mhoreau, a pointé un problème de trésorerie récurrent : « Les plans de maintenance sont contrariés par le manque d’argent. Il faut appuyer la société pour qu’elle retrouve son autonomie », a-t-il insisté.
Le député Marien Mobondzo-Endzonga a, pour sa part, exhorté l’État à régler ses arriérés auprès d’E²C : « L’État doit assumer ses factures d’électricité. Cela donnerait à l’entreprise les moyens de financer ces opérations critiques », a-t-il martelé, en vue de la prochaine session budgétaire.
Un enjeu national pour l’électricité
Quinze ans après son inauguration, le barrage d’Imboulou, considéré comme l’un des piliers de la production électrique nationale, est à la croisée des chemins. Sa réhabilitation urgente conditionne non seulement la sécurité énergétique du Congo, mais aussi la stabilité des ménages et entreprises tributaires de son approvisionnement.