À l’issue de la réunion des coordinateurs du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), la Chine a annoncé la suppression immédiate de tous les droits de douane sur les exportations provenant de 53 pays africains. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un plan ambitieux baptisé « Partenariat économique Chine-Afrique pour un développement partagé », visant à rééquilibrer les échanges commerciaux et à renforcer la coopération économique bilatérale.
Une ouverture commerciale inédite
Jusqu’à présent, seuls 33 pays africains, principalement classés parmi les moins avancés, bénéficiaient d’un accès préférentiel au marché chinois. Avec cette réforme, 98 % des lignes tarifaires – incluant des produits agricoles, industriels et miniers – seront désormais exemptés de droits de douane pour tous les pays africains entretenant des relations diplomatiques avec Pékin, à l’exception de l’Eswatini, qui reconnaît encore Taïwan.
« C’est une avancée historique qui montre que la Chine traite les pays africains comme de véritables partenaires. Nous ne voulons pas seulement vendre en Afrique, nous voulons aussi acheter à l’Afrique », a déclaré Wang Yi, chef de la diplomatie chinoise.
Un pas vers une coopération plus équilibrée
En 2024, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint près de 300 milliards de dollars, avec un excédent de plus de 62 milliards en faveur de la Chine. La suppression des barrières tarifaires vise à stimuler la compétitivité des produits africains sur le marché chinois et à favoriser la transformation locale, notamment dans des économies à forte capacité de production comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, l’Égypte ou encore le Maroc.
Pour les pays moins avancés, la Chine s’engage à fournir un appui technique sous forme de programmes de formation, de certification et de marketing, afin de les aider à tirer pleinement profit de cette ouverture.
Une stratégie aux résonances géopolitiques
Cette décision intervient dans un contexte de rivalité économique accrue, notamment face aux États-Unis, dont le programme AGOA (African Growth and Opportunity Act) est souvent critiqué pour ses conditions d’éligibilité politiques. Pékin adopte ici une approche plus souple et orientée vers le partenariat mutuellement bénéfique.
Des défis à anticiper
Malgré cette ouverture tarifaire, plusieurs obstacles structurels persistent : normes sanitaires, qualité des produits, logistique, traçabilité… autant de facteurs pouvant freiner les exportations africaines. Pour y remédier, la Chine travaille actuellement sur un accord commercial formel avec l’Afrique, qui viendra encadrer ces engagements, poser des mécanismes d’évaluation mutuelle, et renforcer la sécurité juridique des échanges.
Un forum stratégique sous coprésidence congolaise
Créé en 2000, le Focac est un instrument central de la diplomatie chinoise en Afrique. Depuis 2024, la coprésidence est assurée par la Chine et le Congo, pour une durée de trois ans, jusqu’en 2027, date prévue pour la 10ᵉ conférence ministérielle du Focac qui se tiendra en République du Congo.