Après six mois d’existence à poser les jalons d’une organisation engagée dans le paysage médiatique congolais, l’Union des femmes des médias du Congo (Ufemco) a officiellement lancé sa plateforme le 28 mars, à Brazzaville. Une occasion pour elle de partager sa vision et de présenter sa feuille de route.
Un engagement en faveur des femmes dans les médias
Fondée le 20 septembre 2024 à Brazzaville, l’Ufemco s’est rapidement positionnée comme une organisation dynamique et engagée. Elle poursuit une mission fondamentale : renforcer la voix des femmes dans les médias, promouvoir leurs compétences et lutter pour l’égalité des genres dans la profession journalistique.
« Les médias sont un levier essentiel du développement et les femmes y jouent un rôle majeur. Pourtant, en 63 ans d’existence, une seule femme, Gertrude Ngouassi, a dirigé la chaîne nationale. Dans nos rédactions, les postes techniques et décisionnels restent majoritairement masculins. Ce constat n’est pas le reflet d’un manque de compétence, mais bien de barrières systémiques et des limites que nous nous imposons parfois nous-mêmes. Mesdames, il est temps d’adopter une nouvelle posture : celle de l’audace. »
Emilia Kidissa Gankama, présidente de l’Ufemco
Depuis sa création, l’Ufemco a mis en place plusieurs initiatives visant à renforcer la présence et l’influence des femmes dans les médias. Parmi celles-ci figurent un atelier de sensibilisation au cancer du sein et du col de l’utérus, le lancement d’un programme gratuit d’apprentissage de l’anglais destiné aux professionnelles des médias, ainsi que l’organisation de conférences thématiques.
Loin d’être une simple association professionnelle, l’Ufemco est également un média en ligne reconnu par l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques. Elle se distingue par son approche hybride, combinant presse écrite, audiovisuelle et production de contenus adaptés aux plateformes numériques.
Un bureau exécutif engagé
L’association est dirigée par un bureau exécutif composé de :
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Emilia Kidissa Gankama, présidente
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Gloria Lossele, secrétaire générale
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Lopelle Mboussa, trésorière
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Divine Ongagna, chargée de communication
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Sarah Monguia, chargée de partenariat
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Mondesir Ikando, chargée de la coordination événementielle
Un débat sur les défis des médias
Le lancement de l’Ufemco a été marqué par une table ronde sur le thème « Médias et développement : enjeux, défis et perspectives », articulée autour de trois panels.
Le premier panel, intitulé « Quel modèle économique pour des médias durables, inclusifs et crédibles ? », a été animé par Alphonse Ndongo, responsable d’un média en ligne, et Ernest Dimi, fondateur de Brazza Net, sous la modération de Fiacre Kombo, chef du service économie aux Dépêches de Brazzaville. Les intervenants ont mis en lumière les défis économiques des médias congolais, largement dépendants de la publicité dans un environnement où peu d’entreprises sont en mesure d’investir dans ce domaine. Pour pallier cette difficulté, la spécialisation et la diversification des sources de revenus ont été évoquées comme des solutions possibles.
Le second panel, animé par le journaliste indépendant Arsène Séverin, sous la modération de Wences Mouandzibi, rédacteur en chef de Vox TV, a porté sur « Le rôle stratégique des médias dans le développement national ». Les échanges ont souligné l’importance pour les journalistes d’aller au-delà des comptes rendus institutionnels et de mettre en lumière les véritables défis de la société.
« Si on se contente de rapporter : ‘Le ministre a reçu…’, ‘Le ministre a fait…’, on ne contribuera jamais au développement. Le journalisme, c’est aussi pointer du doigt les problèmes de la société. C’est pour cela qu’on nous appelle le quatrième pouvoir. »
Arsène Séverin
Le troisième panel, modéré par Gloire Moundango, a donné la parole aux journalistes Marna Mankene et Yvette Reine Boro, respectivement directrice de l’information à Vox TV et cheffe du service Afrique-Monde aux Dépêches de Brazzaville. Intitulé « Femmes et pouvoir dans les médias : le plafond de verre », cet échange a été l’occasion d’encourager les femmes à s’imposer par la compétence, la rigueur, l’engagement et la détermination, afin d’accéder à des postes de décision dans les rédactions.
Un appel à la mobilisation
En clôture de l’événement, Emilia Kidissa Gankama a remercié les intervenants, les représentants des médias et des institutions, les étudiants et la société civile pour leur participation. Elle a réaffirmé l’engagement de l’Ufemco à poursuivre ses actions et a lancé un appel à la mobilisation.
« Nous sommes pleinement conscientes des défis qui nous attendent, mais aussi des formidables opportunités qui s’offrent à nous. Pour concrétiser cette vision ambitieuse, nous avons besoin du soutien de tous : augmenter la présence des femmes aux postes décisionnels, consolider nos programmes de formation, faire de l’Ufemco un pôle d’emploi, permettre aux étudiants en journalisme de bénéficier de bourses d’études… Ensemble, jouons chacun notre partition, pour que cette union soit le moteur d’un changement profond que nous léguerons avec fierté aux générations futures. »
Avec une vision claire et des actions concrètes, l’Ufemco entend jouer un rôle de premier plan dans le paysage médiatique congolais et faire du journalisme un véritable levier de développement.