Le 20 janvier 2025, Donald Trump a officiellement pris ses fonctions en tant que 47e président des États-Unis, entamant ainsi un second mandat marqué par des priorités axées principalement sur la politique intérieure et les enjeux stratégiques globaux. Cependant, son discours d’investiture a confirmé une tendance observée durant son premier mandat : l’Afrique n’y occupe qu’une place marginale, voire inexistante.
Une ligne politique sans concession sur l’immigration
L’un des points centraux de ce second mandat sera la mise en œuvre de ce que Donald Trump qualifie de « la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine », ciblant plus de 10 millions de migrants en situation irrégulière. Cette politique devrait particulièrement affecter les jeunes Africains qui espéraient accéder aux opportunités éducatives ou professionnelles aux États-Unis.
Le programme d’immigration précédemment connu pour les visas étudiants ou les facilités d’entrée pour des talents africains dans les domaines scientifiques, technologiques et médicaux pourrait être significativement restreint.
Un avenir incertain pour les relations commerciales
Dans le domaine économique, l’Afrique pourrait subir les répercussions d’une politique protectionniste renforcée. Parmi les mesures attendues figurent :
- La fin probable de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un programme qui exonère de taxes douanières certains produits africains, stimulant les exportations des pays d’Afrique subsaharienne.
- Des droits de douane accrus sur les importations africaines, ce qui pourrait freiner le commerce avec les États-Unis et contraindre certains pays africains à chercher d’autres partenaires économiques.
Accords bilatéraux plutôt qu’organismes multilatéraux
L’administration Trump II semble privilégier des accords bilatéraux avec des pays clés comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya ou encore le Maroc. Cette stratégie vise à contrer l’influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent, mais pourrait également exacerber les disparités entre les nations africaines.
Cependant, l’approche hostile de l’administration Trump envers des institutions comme les Nations unies et l’Union africaine risque de réduire encore davantage la visibilité de l’Afrique dans la politique étrangère américaine.
Sécurité et climat : des priorités absentes
En matière de sécurité, les experts anticipent peu de changements significatifs dans les alliances militaires. Bien que certains programmes de lutte contre le terrorisme puissent se poursuivre, le retrait progressif des forces américaines en Afrique pourrait laisser un vide sécuritaire dans des régions sensibles comme le Sahel.
Sur le plan climatique, les choix de Donald Trump — notamment son retrait des accords internationaux sur le climat — pourraient avoir des conséquences désastreuses pour l’Afrique. L’aggravation des phénomènes climatiques, tels que la désertification et les inondations, est une menace directe pour de nombreux pays africains déjà vulnérables.
Un futur en suspens pour l’Afrique
L’absence de l’Afrique dans le discours d’investiture de Donald Trump reflète une continuité dans son approche du continent, considérée par beaucoup comme un point aveugle de sa politique. Pour l’ancien ambassadeur américain Jeff Hawkins, « le continent africain a très peu de présence dans son esprit ».
Alors que les défis économiques, sécuritaires et climatiques s’intensifient, l’Afrique pourrait être contrainte de se tourner davantage vers d’autres puissances mondiales pour défendre ses intérêts et soutenir son développement.
Avec un mandat qui s’annonce sous le signe de l’isolationnisme et du repli stratégique, l’Afrique ne peut qu’attendre et observer les conséquences de cette politique américaine résolument tournée ailleurs.